mardi 30 novembre 2010

Objection votre honneur

Lundi matin j'étais au tribunal. Si, je vous jure. Ne paniquez pas je n'ai rien fait de mal (bon, en vrai j'ai fait des tas de mauvais trucs en Californie mais je ne me suis jamais faite prendre, ce qui revient au même) j'étais juste en train d'accompagnée une amie qui a reçu un DUI (Driving Under Influence).


Le tribunal en question était le tribunal pour les délits mineurs du comté où j'habite. Le truc ressemble à un croisement douteux entre l'ambassade des USA ou un aéroport (détecteur de métaux à l'entrée) et la mairie de ma ville (un espèce de gros cube de béton avec des vitres tintés et une absence flagrante de décoration dans les couloirs). Forcément il a fallu que je ne réfléchisse pas des masses et prenne mon sac le plus approprié pour l'occasion : celui avec la photo d'arrestation de rocks stars (vous savez celle avec la toise derrière et le joli panneau dans les mains). Heureusement l'amie d'accompagnement numéro 2 a eu l'autre bonne idée du jour : mettre un short pyjama à rayures grises et noir (oui, comme les tenues de prisonnier).


Au moment où on est arrivées des prisonniers sont sortis (en pyjamas à rayures) la main droite menottée à la main gauche du suivant. Ambiance.

Comme dans un aéroport vous mettez votre sac dans un tapis roulant, vos clés dans une bassine sauf qu'on ne vous demande pas d'enlever vos chaussures coquées. Si le portique bipe (et il a bipé pour chacune de nous) le type, vous passe au détecteur. Si votre ceinture le fait sonner ils n'en tiennent pas compte (et ne vérifient même pas que c'est bien votre ceinture) mais ils vous font relever votre pantalon pour vérifier qu'il n'y a rien dans vos chaussettes. Personne ne demande votre identité. C'est pas la paranoïa la plus totale quoi. A leur décharge je ne suis pas à Oakland non plus.


Vous entrez dans une salle avec des chaises alignées (les mêmes que vos chaises en salle de conférence) à gauche, une chaire à droite (pour l'accusé) et une estrade en forme de L inversé pour les juges et je ne sais quoi. Dans leur dos les drapeaux américain et californiens, comme dans les films (ce qui est assez logique vu que la majorité des films sont américains).

La moitié des accusés avait oublié de se coiffer, un quart semblait penser que c'était OK de se pointer au tribunal avec un jean sale ou troué. Certes, si j'avais été un personnage de dessin animé mon sourcil gauche se serait haussé sans entraîner de modification sur le droit. Dans la vraie vie j'ai dormi 3h45 maximum et je n'ai pas bu un café au lait de soja ce matin mais un chocolat blanc chaud avec une pointe dé café donc je me suis contenter de bailler.


Quand la juge a commencé à parler j'ai compris. Personne n'était là pour plaider son cas ou s'expliquer, elle t'offre plusieurs options (en gros tu raques beaucoup ou pas beaucoup et t'as une période de probation plus ou moins longue, moyens de paiement de ton amende : en une fois ou un mensualités et de combien, prison ou équivalent horaire en travail d'intérêt général) et toi tu choisis. Fin de l'histoire.

Si tu veux un traducteur espagnol il y en a un à ta disposition, si c'est une langue assied toi dessus.

Elle appelle les gens un par un, ils choisissent ou demandent conseil à l'avocate commise d'office sur place (qui n'est pas vraiment là pour les défendre mais pour leur indiquer le meilleur choix et à la limite indiquer à la juge un élément du dossier qui n'aurait pas été pris en compte), remplissent les papiers pendant qu'elle en appelle un autre, elle les rappelle, ils prennent les rendez-vous qui vont bien et se cassent.


Et pour ceux qui se demanderaient le verdict de mon amie :

3 ans de probation, 3050 dollars d'amende, 1 an de suspension de permis, 6 mois d'interdiction totale de consommation d'alcool.

A 6 jours de mon anniversaire. Ouais, ça tue sa race de petit poney.

Aucun commentaire: