lundi 25 avril 2011

Placoloc


La première règle de la collocation est internationale et assez évidente : pas de gang-bang entre habitants d'une même maison.


Vu le colloc que je paie (parce que oui, l'appartement est à lui) il n'y a pas de risque.


Si Pandora ne faisait pas sa pute et captait le wifi comme partout ailleurs je vivrais probablement dans ma chambre mais comme savoir programmer en C (même pas ++) ça ne t'apprend pas à récupérer ta connexion je vis sur le canapé du salon en éthernet. J'ai sérieusement commencé à y nidifier : un tabouret en guise de table basse avec le coca et un verre à ma droite, un siège à gauche de mes pieds pour ma jambe à demi-cassée, et un tas d'objet sur le coussin du milieu (aujourd'hui : Jack Ender Baron mon disque dur externe, mon appareil photo, un cable d'Ipod, une télécommande, un stylo, un vieil essui tout, un papier de bonbon vide et une boite de chewing-gum).


Je l'aime bien mon colloc mais quand il en vient de ma connexion internet je suis comme un rhinocéros en rut : ne te mets pas entre nous, tu peux pas test. Il y a presque 10 ans quand on avait encore 20h de forfait par mois en 52k je me rappelle que je cachais le modem pour que ma soeur ne puisse pas se connecter et me bouffer mon temps. (Sérieusement, ça faisait 40 minutes par jour, j'ai des circonstances atténuantes.)


Et puis, je dis que je l'aime bien mais en fait je ne l'aime pas tant que ça mon colloc, il n'est pas bien méchant mais il n'est pas bien intéressant non plus. Pour tout dire : il est niais, bien gentil, bien brave …

Il aime le football et n'a pas l'air de comprendre que la cope de los libertadores qui est l'équivalent de la champions league sud-américaine je m'en tamponne le coquillard. Il regarde le baseball aussi, même s'il n'en connait pas les règles, juste pour maintenir sa connexion psychique avec les USA et quand les spurs ou les lakers jouent parce que j'ai réussi à le convaincre de switcher sur le basket il refuse de couiner à chaque panier.


Il est nul aussi quand on en vient aux potins. Je veux dire, le mec est allé aux USA pour rencontrer une fille qu'il connait d'internet depuis genre deux mois et qui a réussi à le présenter à ses parents. Il ne prévoit pas d'aller vivre là-bas, elle ne prévoit pas de vivre ici mais ils passent au moins une heure sur skype tous les jours (et c'est fat parce qu'il dégage du salon). Il est convaincu qu'elle est (Rose) The One. Sauf qu'elle est aussi super jalouse et qu'elle n'approuve pas qu'il boive … une bière une fois toutes les deux semaines devant une assiette de nachos dans un bar sportif. Assez pour lui casser les burnes 45 minutes au téléphone en tout cas.

Moi si j'avais une relation de ce genre là (p < 0.0001) j'aurais matière à parler. Leur truc indéfinissable c'est une golden mine de ragots et il ne m'en fait même pas profiter quand tout ce que j'ai c'est "ouais ben aujourd'hui j'ai acheté des tomates et elles étaient en promo".


Il a 28 ans et parfois je me demande s'il n'est pas encore au collège. Cette pensée est directement reliée au ricanement qu'il peut émettre quand on prononce le mot gay. Ou alors quand il m'explique que c'est normal que le gouvernement décide pour les gens ce qui est bon pour eux. J'avais tendance à croire que le syndrome "la maitresse l'a dit" disparaissait à 10 ans mais en fait non. Quand il me pause la même question pour la 4e fois la seule réponse qui me vient à l'esprit c'est "Si ça t'intéressait tu aurais retenu la réponse".


Je pensais ne pas être douée pour la collocation mais tout bien réfléchi c'est juste que je ne suis pas douée pour prétendre avoir quelque chose à faire des gens dont je n'ai clairement rien à branler.

Il me faut juste un colloc plus intéressant.


Ps : dans 3 mois exactement j'atterris à Chicago, dans 3 mois et 4 jours je retrouve quelqu'un qui partage ma vision de la collocation et de la musique de club.



*Titre by Marie McFlurry

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