mercredi 19 janvier 2011

Self-improvement is masturbation.

Tant que tu n'essaies pas de siffler mon Long Island je suis une meuf plutôt tolérante, n'importe qui m'ayant fréquentée à jeun au moins une fois pourra te le confirmer. Il y a peu de choses qui m'insupportent ou qui me rendent les gens franchement antipathiques. Le spécialiste des relations sociales en fait malheureusement parti.

Lui, il me sort par les trous de nez. Je crois que c'est le jugement de valeur qu'il porte sur ses semblables assorti du haut de son pédantisme habituel. Au bout de 5 minutes j'ai envie de lui hurler "OH MY GOD, SHUT THE FUCK UP". (Je suis tout à fait bilingue banlieusard/slang - slang/banlieusard maintenant.)

En général il a eu une adolescence qu'il a mal vécue, qu'il ait été gros, timide, boutonneux, maladroit importe peu : il le vivait mal. Ayant abusé des comics ou des jeux vidéos il s'est dit un jour qu'il allait reprendre sa vie en main. Et il l'a fait, il faut bien le lui reconnaître. Il est alors passé par une phrase où il nous a cassé les couilles pendant trois ans à nous raconter la muscu qu'il faisait tous les soirs, ses 6 relectures de "The Game" de Neil Strauss dont il nous a balancé des extraits sur son skyblogs, ses textos sur la veste parfaite de créateur qui a trouvé sur les conseils d'un site de relooking.

Après tout ces efforts il est content de ce qu'il est devenu. S'il s'arrêtait là je serais vraiment ravie pour lui, tout comme je suis ravie pour Paris Hilton qu'elle fasse ce qu'elle veuille de son cul. Vous voyez l'idée ? Ça ne me concerne pas alors je laisse vivre.
Sauf que je n'en ai jamais rencontré qui s'arrête là.
Dès que tu lui racontes une histoire personnelle il te l'analyse et te livre une liste point par point de tout ce que tu as fait de travers, dès que tu vas faire les magazins il t'emmène voir ces splendides chaussures italiennes - non mais c'est une semelle de cuir, t'imagine le travail - alors que toi tu as des Docs depuis 10 ans parce que tu adores ça.
Dès qu'il croise un de ses anciens camarades de galère (le gros/le timide/ta mère sur chatroulette) il se sent obligé de le juger. Parce que lui s'est - je le cite - "sorti les doigts du cul" tous ses semblables auraient dû faire pareil.

C'est ça qui me troue le cul. Être médiocre est un droit, y'a pas de quoi s'en vanter, c'est comme être au RMI ou diabétique mais c'est un droit. Il y a des gens ils ne seront jamais mieux que médiocres, même en essayant, y'a des gens qui trouveront jamais de taff même en envoyant des CVs et y'a des gens à qui on a ôté un bout de pancréas. Il y a aussi des gens qui n'ont pas grand chose à faire d'être moyens, d'autres qui préfèreront toucher le RMI qu'aller travailler et d'autres qui ont mangé tellement de sucre qu'ils en sont malades.
Dans un cas c'est pas de chance et dans l'autre ça me semble un peu nul si vous me demandez mon avis mais si vous ne le faites pas je suis priée de fermer ma gueule à ce sujet. Pourquoi eux n'y arrivent pas ?

Apprenti pick-up artiste ou assistant relookeur, on t'aime bien quand tu l'ouvres de façon modérée tu sais. Le problème c'est qu'avoir une conversation avec toi sur à peu prêt n'importe quel sujet revient à se voir exposer par notre banquier l'histoire du Dow-Jones depuis 1968 alors qu'on voulait juste savoir le taux d'intérêt de notre compte épargne. Trop d'informations, on s'en tape de tous le blabla sur comment lever la fille avec le Cosmo à l'autre bout du bar, on voulait juste savoir si elle nous souriait. D'ailleurs là de suite elle ne sourit plus elle est partie vu le temps que tu as pris à m'expliquer comment l'aborder.

Cher apprenti, souviens toi donc juste de ça : arrête de te la raconter : on t'aime bien à la base tu sais et, soit on te connait depuis longtemps et on est fiers pour toi de ce que tu as accompli sur le chemin vers ton bonheur (notez le "ton" hein, je ne ferai jamais de sport pour maigrir, ou alors en cachette et vous ne le saurez pas) soit on vient de te rencontrer et pas la peine de nous dire comment tu en as galéré pour être là : être un ancien gros n'a jamais été sexy : le travail est la vertu des pauvres et tout le monde préfère les riches.

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